Le Témoin : Pour avoir été longtemps au cœur de la République, en votre qualité de directeur de cabinet du Président Wade, quelle lecture faites-vous de la situation en Casamance ?
Mamour Cissé : Ma lecture est que cette situation, comme vous dites, n'a que trop duré. Apres l'indignation et l'amertume, mon sentiment aujourd'hui, c'est qu'enfin, l'Etat a pris la pleine mesure des enjeux, et qu'il a pris les choses en mains. Décidé à ne pas lâcher la proie pour l'ombre, l'Etat semble résolu, au delà de l'enquête sur la tuerie de Boffa, d'étendre la sécurité à toute la zone. Notre armée doit se doter de tous les moyens pour désarmer les bandes qui violent les lois sur la circulation des armes, qui tuent et sèment la désolation. Si nous militons pour une gouvernance militaire de cette zone, c’est pour donner un éclat particulier à cette mission de pacification et insister sur la sécurité. Le peuple soudé est derrière son armée et la soutient avec ferveur jusqu'à l'extinction totale de la plus petite étincelle de ce feu qui n'en finit plus de ravager nos ressources humaines et naturelles. La Casamance fait partie intégrale du Sénégal et ne saurait rester une zone de non-droit où la seule loi est celle de tueurs qui amassent des profits exorbitants dans la coupe de bois à grande échelle, dans la culture du chanvre et le trafic armes. Depuis près de 30 années, des Sénégalais, habités par la peur, ont tourné le dos à cette belle région du Sénégal. Nous avons tous le droit d'y circuler librement et en toute sécurité, comme n'importe où ailleurs au Sénégal. Il appartient à notre armée de faire en sorte que cela redevienne possible, avec une volonté politique inoxydable ! Dans les seuls secteurs de l'agriculture et du tourisme, le manque à gagner engendré par ce conflit est incommensurable. Les lois d'amnistie doivent être détruites, puisqu'elles n'ont servi qu'à assurer l'impunité à des tueurs voire des voyous que la cupidité a complètement déshumanisés. Si on doit négocier, que ce soit avec des gens désarmés, et ici même au Sénégal ! Ces gens (Ndlr, les indépendantistes) ne doivent plus avoir l'opportunité, en période d’accalmie, de se réarmer lourdement et de consolider leurs positions. Le démantèlement de ces bandes armées est une urgence nationale et une option pertinente parce que, nulle part au monde, la table de négociation n'a pu contenir leur furie destructrice. Après, et seulement après cela, les politiques et programmes dédiés à cette zone pourraient être efficaces et efficients pour le bien-être de tous, dans la paix et la sécurité.
Sur un tout autre sujet, que pensez-vous l’indépendance de la magistrature réclamée par les magistrats eux-mêmes ?
La question est récurrente, et c'est la preuve que, jusqu'à présent, elle n'est pas vraiment prise en charge par les autorités qui s'accommodent de cette situation qui peut-être les sécurise, ou du moins leur donne ce sentiment. En tout état de cause, la présence, à la fois du président de la République et de son ministre de la Justice, au sein du Conseil supérieur de la magistrature, est loin s'en faut de nature à autoriser cette indépendance. En effet, si près de 90% des juges sont intérimaires parce que susceptibles d'être déplacés à tout moment par le président du conseil de la magistrature, il est clair que parler d'indépendance dans un tel contexte relève du vœu pieux ! L'inamovibilité des juges demeure et reste dans une condition déterminante dans l’effectivité de leur indépendance. Quand vos plans de carrière dépendent d'une personne, il vous est difficile de contrecarrer ses volontés et désidérata. Vous y regardez à deux fois, si vous gardez à l'esprit vos ambitions d'avancement ! Peut-on rendre une bonne justice dans ces conditions ? Et même le procureur doté de pouvoirs exorbitants, dépend de sa tutelle qui se trouve être le ministre de la Justice. Il faut une séparation réelle des pouvoirs. Et récemment, le président de la République lui-même a déclaré qu'il était ouvert à cette question précise et restait à l'écoute, pour des propositions acceptables. Cela suffit-il pour espérer ? On le verra bien, mais l'idéal, c'est que les juges gèrent eux-mêmes leurs carrières même si l'on doit prendre garde à ne pas installer une république des juges ! Car ce serait remplacer un excès par un autre excès. Regardez ce qui se passe au Burkina ! Le Sénégal peut-il faire moins ? Si le président de la République rend le conseil aux magistrats, il aura gravé son nom en lettres d’or dans l’histoire de notre démocratie, et comme le Burkina, il aura rompu le cordon ombilical qui liait la justice au pouvoir exécutif.
Et le problème des enseignants en passe de prendre l’école en otage avec d’éternelles revendications, alors qu’il y a un autre secteur prioritaire comme la santé qui attend…
On a l’impression, à vous entendre, que vous accusez les enseignants de porter la responsabilité personnelle de rendre notre Ecole ingouvernable. Or, ce n’est pas le cas.
Non ! C’est juste pour dire que la Santé avant tout, et que les nombreuses et éternelles revendications des enseignants ne doivent pas éclipser les autres secteurs…
Donc, je vous comprends ! Seulement, il faut reconnaitre que l’Etat a bel et bien sa part de grande responsabilité dans cette affaire, puisqu’à l’analyse, c’est lui-même qui a pris des engagements qu’il n’a pu, à ce jour, honorer ! Rappelez-vous que c’est le chef de l’Etat lui-même qui avait mis en demeure ses ministres de ne souscrire qu’à des engagements dûment évalués, susceptibles d’être franchement respectés. Au final, on le constate, cette forte recommandation n’a pas été suivie d’effets. Selon les enseignants eux-mêmes, les lignes n’ont pas bougé sur la question des indemnités, sur la question des prêts DMC (Ndlr, Direction de la Monnaie et du Crédit), sur la lenteur du traitement des dossiers administratifs pour vider le stock. Les choses ont trop traîné en longueur ; le Gouvernement doit prendre ses responsabilités et honorer ses engagements, il n y a pas d’autre issue. Comment voulez-vous vous targuer d’un taux de croissance florissant et avoir autant de peine à donner un début de réponse aux maux qui gangrènent le secteur de l’éducation et de la santé ? Or, comme chacun sait, l’éducation et la santé constituent le fondement sur lequel s’appuie tout développement réel et durable ; pour dire qu’il n’y a pas d’émergence possible quand, ni l’esprit ni le corps ne sont sains ! C’est une évidence basique ! Bien avant l’installation du Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS), nous avons plaidé, au PSD Jant Bi, pour la nomination de médiateurs institutionnels au sein des secteurs stratégiques de l’éducation et de la santé, pour sonner l’alerte et prévenir des conflits, en anticipant sur les solutions durables. Nous n’avons pas été entendus parce que l’Etat ne se situe pas dans une posture proactive mais plutôt réactive perpétuellement ! Et c’est dommage.
En tant qu’homme politique, que pensez-vous du dialogue politique bloqué à cause du système de parrainage que veut imposer la majorité ?
Nous avons répondu à ce dialogue, d’abord pour être conséquents avec nous-mêmes ! Parce que nous avons toujours invité le Gouvernement à poser les grandes questions nationales sur la table pour qu’on en discute sans exclusive. Ce serait mal vu de ne pas répondre à cet appel au dialogue. Et surtout face à une forte demande du peuple qui nous exhorte au « Penthio », au dialogue constructif, d’autant que sur la question précise du système électoral, la classe politique est passionnément et bruyamment divisée ! D’ailleurs, les autorités religieuses, soucieuses de concorde nationale, ont appelé elles aussi à la concertation nationale. Hélas, il ne suffit pas de dialoguer pour dialoguer ! Il y a des exigences de sincérité et de véritable volonté de voir bouger les choses dans le sens du renforcement de la démocratie et de la consolidation de l’état de droit. Est-ce que nos vis-à-vis sont dans cette posture dynamique ? A un moment donné, il nous semble que le camp de la majorité voulait coûte que coûte imposer des points de vue que nous avons jugés inacceptables, comme l’extension du système de parrainage aux partis politiques, sous prétexte de contrer la pléthore des partis politiques et leur prolifération de même que la location de récépissé de parti par des candidats indépendants. Pour notre part, nous avons jugé que c’était trop facile de brandir, vite fait, le parrainage à l’exclusion de toute autre solution pour régler cette question qui porte atteinte à notre démocratie. Nous avons dit qu’il y avait certainement des alternatives au parrainage qu’on veut imposer à des partis politiques, personnes morales qui n’ont pas les mêmes obligations que les candidats indépendants. Heureusement qu’ils se sont ressaisis et qu’ils acceptent désormais le principe d’être attentif à toute proposition alternative par rapport à ce point. Cette souplesse nous a permis d’avancer, et les concertations continuent leur bonhomme de chemin.
Bonhomme de chemin, justement parlons du chemin présidentiel… Allez-vous vous présenter seuls à l’élection présidentielle ou dans le cadre d’une coalition ?
Nous sommes à un peu plus d'un an de cette échéance. C'est vous dire qu'il y a encore beaucoup de temps pour la réflexion et l'action en sa direction. Si Dieu nous prête vie d'ici là, nous aviserons. Laissons du temps au temps !
En tant que opérateur économique, sentez-vous à votre niveau cette croissance de 6,7 % que le gouvernement annonce partout?
Je puis vous assurer que je serais très comblé si je pouvais tâter un tout petit peu de cette croissance de 6,7% ramenée au demeurant à 6 %. Je crois, et de nombreux Sénégalais, qu'ils soient hommes d'affaires ou dans les ménages, seront d'accord avec moi, que cette croissance, en plus de rares entrepreneurs sénégalais triés sur le volet, n'est ressentie que par des entreprises étrangères, notamment celles françaises et marocaines qui agissent chez nous. La plupart des entrepreneurs sénégalais ploient sous le poids de l'endettement et autres encours bancaires pour faire marcher leurs business. Nous sommes aujourd'hui loin de la préférence nationale. Les nationaux sont ignorés et marginalisés là où les étrangers sont choyés et privilégiés au point que même s'ils sont en délicatesse avec les règles des marchés publics, ils sont encore bien pourvus. Observez ce qui s'est passé avec le chantier de la Vdn phase 2 et la cité de l'Emergence aux Sapeurs-Pompiers avec un manque d'ambition renversante de ce promoteur qui nous offre des nids de poules sur 2 ha 5.
Donc, vous voulez dire que l'Etat ne soutient pas assez ses champions économiques locaux appelés à résoudre le problème de l'emploi ?
Je viens de vous dire le contraire.
Jusqu'à présent, les « gorgorlous » disent qu'ils ne vont jamais pardonner au régime de Wade d'avoir trop fait flamber les prix des denrées de première nécessité (riz, sucre, huile, gaz etc.) au point que le président Sall a du mal à les faire baisser considérablement. Que répondrez-vous dans ce sens ?
Est-ce que le Sénégal, qui a toujours importé du riz pour sa consommation, avait les moyens d'agir sur la détermination du prix de cette denrée ? Comment se fait-il que dans notre pays, s'agissant du sucre, il y ait une situation de monopole pour sa commercialisation par une société dans nos murs et que son prix flambe ? Le Sénégal produit de l'arachide achetée à vil prix par des spéculateurs qui la transforment en huile et nous la vendent à un prix salé, et ceci depuis sous Senghor. En quoi le président Wade est-il responsable d'un tel fait ? On peut tout aussi bien dire qu'il a lui aussi hérité de la mauvaise gestion de ses prédécesseurs. Je crois savoir que le président Macky Sall avait bien promis la baisse des prix des denrées de première nécessité. Et jusqu'ici on entend chaque jour que Dieu fait des membres de la majorité se glorifier de la baisse des prix réalisée par le régime actuel, leur trophée de guerre quoi ! Alors à présent on découvre qu'il a du mal à effectuer cette baisse. Que voulez-vous que je réponde ? Et puis dites-moi que peut-on faire face à l'implacable loi de l'offre et de la demande ? Nous vivons dans une économie de marché. Les prix sont déterminés en fonction de l'offre et de la demande. Devant une telle situation, les marges de manœuvre de l'Etat sont minces pour ne pas dire inexistantes. C'est cela la froide réalité (rires).
M. le président du PSD/Jant-bi, vous avez dit récemment dans une interview que le Sénégal a besoin d'un despote éclairé. Est-ce à dire qu'il faut à la tête de notre pays une sorte de «dictateur républicain» qui dirige d'une main de fer?
Je pense sincèrement que notre pays a un fort besoin de reprise en main. L'autorité de l'Etat doit être rétablie dans tous les domaines. L'incivisme ambiant risque de donner demain des milices privées parce que le « je m'en foutisme» se sera ancré dans notre société. Vous le savez sans doute même mieux que moi, les gens font ce qu'ils veulent dans ce pays parce que se disant que ce sera sans coup férir. L'indiscipline et l'incivisme sont les choses les mieux partagées actuellement au Sénégal. Les accidents mortels de la circulation avec plus de cinq-cents morts chaque année, les meurtres gratuits perpétrés, les agressions violentes, l'occupation anarchique de l'espace urbain au point que le Sénégal est le seul pays au monde où on ne trouve plus de trottoirs et où les piétons se disputent la chaussée avec des véhicules non assurés, techniquement défaillants avec au volant des chauffards, une atteinte à la vie privée des gens comme jeu favori et des insultes insupportables à travers les réseaux sociaux, des agressions verbales ou physiques sur les forces de l'ordre et tant d'autres travers notés ici et là ne sont dus qu'à l'indiscipline, l'incivisme. Bien sûr, je prône l'éradication de toutes ces tares notées dans notre société et qui la gangrènent. Il y a urgence à rétablir l'ordre et la discipline dans notre pays. En parlant de despote éclairé, j'exprimais une détresse mais bien évidemment je ne voulais pas dire qu'il nous faut un tyran. Exercer et faire admettre l'autorité de l'Etat sont des taches qui peuvent être accomplies sans restriction des libertés et verser dans la tyrannie. Il faut que l'Etat se fasse respecter et si c'est le cas, la discipline et, le civisme règnent. Du naufrage du Diola aux bousculades meurtrières au Stade Demba Diop, en passant par une multitude de catastrophes restées dans les mémoires… le constat affligé est le même, il n y a jamais de coupables !
Mais despotisme signifie nécessairement restriction ou absence totale de libertés...
Ah bon ! Mais un président de la République à poigne n'est pas forcement un despote… Je n'ai usé du mot despote que pour faire un déclic, alerter sur la gravité du mal qui ronge notre société et sur l'urgence à faire en sorte que l'autorité de l'Etat soit ressentie partout où besoin sera. Je ne suis en rien un partisan de la tyrannie mais en revanche d'un Etat fort qui se fasse respecter, oui ! C'est ainsi qu'il faut comprendre ma pensée.
Mamour Cissé pense-t-il être ce despote éclairé qui peut apporter la lumière, dans le sens d'une émergence réelle de notre pays?
Ma conviction est qu'il ne peut y avoir de développement sans discipline collective et individuelle au sein du peuple auquel ce développement est destiné. Et il appartient à l'Etat de veiller à ce qu'une telle discipline soit effective. Un pays ne peut être dirigé dans l'anarchie ou le « je m'en foutisme»: Il nous faut rompre avec l'hypocrisie, notre pays souffre d'un incivisme inégalé.
L’affaire Khalifa Sali est en train d'empoisonner l'atmosphère politique du pays. S'agit-il selon vous d'un règlement de comptes politique ou d'une réelle volonté de lutter pour la préservation des deniers publics ?
De prime abord, c’est un mélange inextricable des deux. En effet, les deux hypothèses sont plausibles selon que l’on se situe d’un côté ou de l’autre. Les tergiversations et autres virages à 180° sur la question de son immunité, la diligence et la rigueur avec lesquelles son dossier a été extrait d’une multitude de cas similaires, concernant des personnalités proches du régime et qui n’ont jamais été inquiétés, tout cela milite en faveur de l’hypothèse de la persécution politique, de la volonté de neutraliser un adversaire politique, peut-être même abusivement, dangereux pour 2019 ! Mais d’un autre côté aussi, et au-delà des passions, c’est qu’il y a un fait constant : les constatations par les enquêtes d’une anomalie, plus tard qualifiée d’infraction. Khalifa Sall a manqué de vigilance. Les maires qui l’ont précédé n’étaient pas des opposants au Pouvoir de leur époque. Ils disposaient de la caisse d’avance en parfaite intelligence avec le Pouvoir, et ne pouvaient pas être inquiétés, parce que sollicités même quelquefois par les plus hautes autorités pour financer des activités politiques. Cela, c’était un secret de polichinelle.
Donc vous voulez dire par là que dans l’arène politique, tous les coups sont permis, mêmes les coups non conventionnels…
En tout cas, Khalifa lui, s’est distingué par deux « hérésies » : d’abord il est un opposant farouche du régime en place, et ensuite, ce qui l’a perdu, il a émis ou fait emettre des factures contrôlées, non conformes par les enquêteurs ! Le riz et le mil facturés n’ont laissé aucune trace ! L’occasion faisant le larron, ses adversaires ont saisi au rebond cette « aubaine » pour déclencher une action judiciaire. C’est qu’en politique, le faux pas se paie cash ! C’est la raison pour laquelle, malgré la perception de règlement de compte politique et d’injustice de certains, cette affaire n’en repose pas moins sur des faits objectifs, et exploitables par la justice. Par conséquent, j’estime pour ma part, que la plus grande urgence de ses souteneurs, c’est de se trouver les meilleurs avocats possibles ! Car l’affaire se jouera sur le terrain judiciaire. Et de ce point de vue, c’est son avenir politique, en même temps son avenir tout court, qui se joue dans ce procès. En ce qui nous concerne, tout le mal qu’on lui souhaite, c’est de retrouver sa famille, ses amis et son travail. Que Dieu le fasse ! Amine !
Dans la même logique, croyez-vous que Karim Wade reviendra au Sénégal avant 2019 ? Et « Que Dieu le fasse » pour reprendre votre expression. Est-il en exil forcé comme il l'a fait savoir récemment dans sa lettre de condoléances au nouveau Khalife général des Mourides ?
Vraiment, la qualification de l’exil de Karim, ne constitue pas pour nous un enjeu national, même s’il reste pour nous un ami et un frère. Ce qu’il faut dire, c’est que s’il a des ambitions dans ce pays, il est nécessaire qu’il rentre au bercail, quoi qu’il advienne, pour assumer son destin, pour rassurer ses sympathisants.
Au regard de tout cela, votre parti répondra-t-il vraiment au dialogue politique lancé par le président de la République?
Même s'il y a des écueils, nous irons au dialogue car si tout le monde boude il n'y aura aucune avancée. Il faut y être et bagarrer ferme pour persuader et trouver des plages de convergence, de consensus. Ceci dit, on ne va pas nous faire avaler n'importe quoi. Si en face il y a de la bonne volonté, nous demeurerons à la table de dialogue mais si la majorité se livre à de la surenchère et s'enferme sur ses options, nous constaterons avec regret l'impossibilité de nous retrouver et quitterons la table de concertations. Et je puis vous dire que, dans le cadre des Non-alignés, la réflexion est engagée dans un sens comme dans l'autre.
La question de la dette du Sénégal inquiète dans les milieux de l'opposition et de la société civile. Etes-vous de ceux qui s'en émeuvent tant ?
La question de la dette du Sénégal n'inquiète pas que dans ces seuls milieux ! Elle est même devenue alarmante au sein des institutions de Bretton-Woods. Là où le FMI nous indique que la dette du Sénégal a augmenté à un rythme plus important que ce que laisserait croire le niveau du déficit, car le Trésor a dû combler les déficits du Groupe La Poste et de la Caisse de retraite du FNR) en plus des dépenses au titre des budgets des années précédentes, la Banque Mondiale se demande ce qui va se passer si la croissance ralentit ou freine. C'est dire qu'avec cet endettement élevé, que nous avons du reste toujours signalé au niveau PSDjJANT-BI, notre pays est tenu de maintenir son niveau de croissance. Et ceci, dans la morosité de l'économie mondiale même s'il y a une embellie du côté des Etats-Unis l'Amérique, reste une autre paire de manches. Jusqu'ici, je n'ai pas réponse à cette boulimie d'endettement dans laquelle le régime actuel installe notre pays avec le grave risque d'hypothéquer l'avenir de nos enfants qui devront payer. Et gare à nous si le prix du pétrole flambe ! Déjà que les dérivés de l'or noir (plastique et autres) grimpent !!!
Depuis une vingtaine d'années, Mamour Cissé fait partie de nos fidèles et anciens lecteurs, quelle suggestion faites vous entre « le Témoin-Hebdo » qui paraissait à l'époque tous les mardis et « le Témoin» quotidien?
« Le Témoin » reste « Le Témoin », qu'il soit hebdo ou quotidien. Il y a du talent et de la rigueur dans le traitement de l'information. Ceci dit, je dois avouer que je suis quelque peu nostalgique de la relation croustillante et captivante de faits divers dans « Le Témoin-Hebdo ». Je crois que c'était l'œuvre de grands reporters qui traquaient l’info. Car les vrais faits-divers, les faits-divers d’investigations ne se retrouvent pas devant les tribunaux. Et, « Le Témoin-Hebdo » en avait fait sa chasse gardée ! N'est-ce pas ? Ah, « Le Témoin » du mardi, dont la parution était tant scrutée et tant redoutée par le régime de l'époque, quel régal !!! Mais néanmoins, « Le Témoin » reste toujours « Le Témoin » avec ses commentaires pertinents, ses éditos incendiaires et ses analyses courageuses et équilibrées.
Propos recueillis par :
Pape NDIAYE
« Le Témoin » quotidien
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